Code Déontologique et réflexions sur le désintéressement

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LES DOUZE COMMANDEMENTS DU SOCIOLOGUE

Code provisoire de déontologie élaboré vers 1960

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et, en POSTFACE,

quelques réflexions déontologiques plus récentes (printemps 2016)

– provoquées par une émission radiophonique consacrée à Marie CURIE

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I –	Tes ancêtres et pères spirituels (non servilement) honoreras
	Mais t’efforceras de faire mieux qu’eux la prochaine fois.

II –	De tes collègues fraternellement ne médiras
	Qu’en connaissance de cause et en leur présence seulement.

III –	Pour témoigner ta gratitude et prouver de ton labeur l’amplitude
	A qui de droit te référeras par d’abondantes citations.

IV –	Oeuvre d’esprit ne désireras qu’en équipe, de préférence,
	Pour mieux considérer les multiples facettes de la réalité sociale totale.

V –	Les progrès de ta pensée et les fruits de ton travail dévoileras
	Dans un langage clair et précis, sans céder au culte du Moi.

VI –	Dussent en souffrir tes opinions, avec les faits jamais ne tricheras
	Et, docteur ou pas, Thèse et Hypothèse, Dogme et Problématique ne confondras.

VII –	Des spéculations philosophiques et de la logique mathématique te méfieras
	Comme de deux diables qui deviennent anges conjointement.

VIII-	Théorie-Pratique, Pensée-Action faux dilemmes pour toi seront
	Si tu consens dialectiquement à les relier réciproquement.

IX –	Dans la lutte politique ne t’engageras et parti ne prendras
	Qu’en simple citoyen respectueux des autres moins savants que toi.

X –	L’avenir sous toutes ses formes assurément ne prédiras
	Qu’en référence à des charismes d’ultravoyance exclusivement.

XI –	De la duperie des réponses positivistes aux problèmes sociaux te convaincras
	Pour éclairer, et non envenimer, les nécessaires débats idéologiques.

XII –	Le prestige de la Science au service de tous n’utiliseras
	Que lorsque de la Science tes balbutiements mériteront le nom.

XIII-	Des bons mécènes sans complexe ni vergogne les privilèges n’exploiteras
	Qu’à condition de souscrire à ce code et de l’appliquer intégralement.

Code élaboré par Jacques Jenny

pour sa propre gouverne, vers 1960,

pour pallier l’absence de code officiel

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POSTFACE (Printemps 2016)

sur France Inter – samedi 9 avril 2016 de 11 h. à midi – la célèbre émission radiophonique de J.C. Ameisen « sur les épaules de Darwin » était consacrée à Marie Curie …

… présentée comme jeune polonaise venue en France faire ses études à la Sorbonne, se mariant au physicien Pierre Curie, et découvrant à la suite d’Henri Becquerel les propriétés du radium et ses applications en radiographie médicale.

On peut trouver une trace de cette émission et de quelques réactions des auditeurs en cliquant sur ce lien –> http://www.franceinter.fr/emission-sur-les-epaules-de-darwin-marie-curie-0#comment-809883

J.C. Ameisen y commente les biographies de Marie, notamment celle écrite par leur fille Eve, et les quelques notices autobiographiques qui complètent la biographie de Pierre écrite par Marie après sa mort accidentelle.

Cette émission (qu’on devrait faire écouter à tous les étudiants et surtout à tous les candidats au métier de chercheur scientifique) fait bien ressortir les principales vertus de Marie Curie :

– l’attachement désintéressé à la Science et à la Recherche scientifique, pour son utilité sociale (à savoir ici principalement dans le domaine médical ouvert par les Rayons X), ce qui exclut tout intéressement financier (et même honorifique) personnel, par ex. divulgation gratuite et sans brevet de leurs découvertes à des chercheurs Etats-Uniens – fût-ce au prix d’un manque criant de moyens affectés au financement de leur laboratoire, et du maintien de leur budget familial à un niveau modeste et précaire (surtout après le décès de Pierre dans la quarantaine).

Marie a décliné plusieurs fois les sollicitations de recevoir les médailles du prestige (Légion d’honneur), elle n’a accepté que le Prix Nobel – par deux fois – et l’entrée à l’Académie des Sciences, et a mis en pratique son attachement à sa « nouvelle patrie » en organisant et en s’impliquant dans le service médical aux armées (guerre de 14-18), avec des ambulances équipées.

J.C. Ameisen a insisté sur l’immense contribution apportée au renom de la France, sa « patrie d’adoption », par cette « jeune étrangère » accueillie dans notre Université – et qui ne manque pas une occasion de rappeler son égal attachement à sa « patrie d’origine », la Pologne – alors privée d’indépendance nationale.

Qu’elles paraissent mesquines, erronées et ringardes à côté de cette réalité, les allusions xénophobes qui ne parlent que d’ « identité nationale » (au singulier de l’exclusion) et de rejet de « l’étranger » !…

J.C. Ameisen insiste aussi sur la force du lien d’amour conjugal qui unissait ces deux chercheurs, jusqu’au décès précoce de son époux et au-delà de son inhumation. Les passages du livre de sa fille Eve, citant les lettres ou conversations intimes de sa mère, sont des témoignages que notre société moderne ferait bien de rappeler de temps en temps …

Je ne peux ici m’empêcher de signaler par contraste absolu les propos de notre nouveau « prophète » politique « en marche » ( ?), Emmanuel Macron, l’actuel ministre de l’Economie qui a déclaré récemment qu’il souhaitait voir de plus en plus de jeunes gens s’engager dans des carrières professionnelles avec l’ambition de récolter les milliards d’Euros de la réussite sociale ! !

On se croirait revenu à la belle époque de Thiers !

legs-sociologique