Exergue épistémologique

Exergue épistémologique


la “figure ambiguë » de Böring

(ci-dessous à gauche.)

comparée à la figure duelle de type “Janus”

(ci-dessous à droite)


Figure ambiguë

 

 

Janus au féminin

même averti, on ne peut voir

qu’un visage à la fois alors que

l’image en contient deux :

– “belle jeune femme”

(de 3/4 arrière)

OU BIEN

– “femme âgée” (de 3/4 avant)

————————–

(à chacun de découvrir ces

deux images, alternativement)

la perception simultanée des

deux visages que contient

cette image s’impose :

– “belle jeune femme”

(profil de gauche)

ET

– “femme âgée” (profil de droite)

————————–

ils ressemblent (un peu) aux

deux visages de la figure ambiguë

cette “figure ambiguë”, qui a été vulgarisée par le psychologue suédois Böring, est en fait à l’origine une des « Questions devinettes » qu’on peut voir encore aujourd’hui exposées au musée de la Ville d’Epinal parmi la célèbre collection « Imagerie Pellerin » éditée en 1901.

Cette image est accompagnée de la devinette suivante : « Où est sa grand’mère ? »


Pour nous, épistémologues en sciences humaines et sociales, elle symbolise la pluralité fondamentalement contradictoire, voire oxymorique, des points de vue sur la réalité sociale, et des manières de dire cette réalité sociale,…

… de manière plus pertinente et plus complexe, plus dialectique, que la métaphore classique du dieu mythique Janus, aux deux visages (que nous appellerons ici Jana, au féminin)

 

la « morale » de cette métaphore ?

pour ma part, je m’inspire délibérément de l’image ambiguë parce qu’elle exprime la prégnance de la “gestalt” de chacune des formes alternatives perçue “spontanément” – prégnance qui exclut la perception simultanée d’autres formes tout aussi “réelles”, inscrites dans le réel de l’image. Cette image constitue donc un

AVERTISSEMENT épistémologique fondamental.

 

Peu importe ici de savoir pourquoi je perçois plutôt la “belle jeune femme” ou bien sa “grand’mère” : l’important c’est de constater que la perception de l’autre facette (ou des autres facettes) exige des efforts de dé-centrement, dés-intéressement, dés-implication, dés-investissement – tous efforts de distanciation qui sont précisément le propre de l’activité scientifique.

Si les deux images perçues alternativement sont apparemment (subjectivement ?) contradictoires (par exclusion mutuelle) dans la logique classique du “tiers exclu”, la “totalité” (objective ?) de l’image nous impose d’accepter la pluralité des points de vue sur la réalité sociale – et aussi des mots pour la dire, des manières de la dire.

Cette “incompatiblité” des images alternatives peut évoquer des contradictions d’intérêt et de pouvoir (voire des conflits sociaux), notamment entre classes socio-économiques, sexes, générations, communautés ethno-culturelles et/ou linguistiques et/ou religieuses, blocs géopolitiques – ce que j’appelle les Rapports Fondamentaux de Dominance Sociale (RFDS). Mais, plus généralement, cette métaphore peut nous inviter à ne pas toujours penser selon le principe du “tiers-exclu” de la logique binaire classique ou selon les slogans pseudo-dialectiques de la “Diamat” stalinienne ou du petit Livre rouge maoïste – voire à résoudre des énigmes “aporiques, à inventer des expressions “oxymoriques” de la pensée dialectique, dialogique ….

 

Évidemment le traitement sérieux de ces contradictions exige une approche “transdisciplinaire” (par articulation intégrative plus que par simple juxtaposition de type pluridisciplinaire), combinant toutes les disciplines des sc

iences humaines et sociales, à commencer par l’histoire, l’économie, la sociologie, la psychosociologie, la sociolinguistique, les sciences politico-juridiques, …, le tout dans une perspective de comparaisons sociétales …

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