notre GSSJ (Gpe des Sc. Soc. de la Jeunesse)

Extrait de « La jeunesse comme ressource. Expérimentations et expériences dans l’espace public ».

Ouvrage collectif, sous la direction d’Alain Vulbeau, pages 17-38

Obvies – Université Paris 8, Edition érès, 2001

 

[Françoise Tétard, l’auteure de ce chapître, nous a quittés soudainement le 29 septembre 2010.
Une journée d’hommage lui a été dédiée le 17 septembre 2011, à laquelle j’ai participé
par un témoignage personnel qu’on pourra consulter en cliquant ici]

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

 

Le Groupe des sciences sociales de la jeunesse (1963-1969) : une aventure théorique ?

par Françoise Tétard

1985 : Année internationale de la jeunesse. François Proust est missionné par le ministère de la Recherche et de la Technologie pour organiser un colloque, les 9 et 10 décembre 1985, dont les actes seront publiés un an plus tard sous le titre Les Jeunes et les Autres [1]. Un groupe de chercheurs est tout particulièrement impliqué dans la dynamique de la préparation, le réseau Jeunesses et Sociétés, groupe fondé quelques années auparavant pour développer la sociologie de la jeunesse [2].

Le réseau Jeunesses et Sociétés n’était pas le premier du genre. Si les fondateurs n’en avaient pas tous eu une conscience immédiate, pourtant, en voulant réunir des chercheurs sur l’objet jeunesse, ils s’inscrivaient dans le sillon de leurs aînés, puisqu’une première initiative, visant des objectifs comparables, avait déjà eu lieu dans les années 1960. En effet, un groupe d’une vingtaine de jeunes chercheurs qui s’était baptisé « Groupe des sciences sociales de la jeunesse » [3] avait déjà fonctionné, de 1963 à 1968, dans un certain enthousiasme. Il avait laissé quelques souvenirs et quelques traces, mais ses participants s’étaient montrés discrets, à tel point que des membres du premier groupe, des années 1960, qui rejoignirent les rangs du second groupe, des années 1980, n’ont pas « avoué » immédiatement leur première implication, par modestie sans doute.

J’ai fait partie du second groupe, et c’est parce que j’étais « l’historienne » (j’étais alors la seule de ma discipline parmi des sociologues et quelques psychosociologues) que plusieurs cartons d’archives [4] m’ont été confiés quelques temps après le démarrage. Ils avaient été précautionneusement gardés, notamment par Monique Chauchat [5], qui les avait entreposés dans les rayonnages du Centre de Vaucresson [6]. Plus tard, d’autres cartons m’ont été versés, venant compléter ce fonds initial, notamment les fonds de Nicole Abboud [7], de Jacques Jenny [8], de Vincent Peyre [9], chacun ayant conservé les dossiers relatifs à son passage dans le groupe. J’ai pu ainsi explorer plusieurs chemises, plutôt bien classées, que personne n’avait ouvertes depuis l’extinction du GSSJ (comptes rendus, notes de réunions, correspondances, tableaux, questionnaires, publications, articles, rapports d’enquêtes, etc.). Par ailleurs, j’ai proposé au réseau Jeunesses et Sociétés une séance consacrée à l’histoire de ce premier groupe, séance qui eut lieu le 12 octobre 1984 en présence de plusieurs des acteurs du démarrage (Nicole Abboud, Claude Dufrasne, Monique Haicault, Jean Hassenforder, Jacques Jenny, Vincent Peyre).

Ce fut un moment intense, tant historique qu’épistémologique. Après le récit circonstancié de la constitution et du fonctionnement du groupe, sont venus les témoignages de chacun, plus nuancés, puis les notes d’ambiance, les atmosphères. Il fallut accepter de se souvenir, redonner corps aux discussions d’autrefois, se soumettre au jeu et à l’affect de la mémoire. Ainsi ont été confrontées, à vingt ans de distance, des pratiques de terrain, des méthodes, des problématiques. Mais assez vite dans le débat, les différentes générations présentes ont fusionné dans une réflexion commune qui portait en fait sur la pertinence de la sociologie de la jeunesse en tant que catégorie de recherche.

Ce retour théorique m’est apparu ce jour-là surprenant ; tout se passait en effet comme si la distance chronologique qui séparait les deux groupes n’était pas perceptible ou comme si la pensée du chercheur restait arrimée à un présent immédiat, dans une a-historicité de bon aloi. Est-ce la difficulté de se placer dans un temps passé, tout particulièrement quand on se sent toujours acteur ? Est-ce la difficulté pour des chercheurs d’admettre qu’ils font eux aussi partie de l’histoire [10] ? Il est vrai que, lorsque des réflexions s’instituent sur l’histoire de chaque discipline, elles sont très souvent portées par les chercheurs de la discipline elle-même, ce qui réduit considérablement la distance que tout chercheur doit maintenir vis-à-vis de son objet d’étude. Les concepts, les théorisations, même en sociologie, ne sont pas statiques ; ils appartiennent à une période, ils sont inscrits dans un mouvement, ils ont une épaisseur chronologique.

Nous sommes en l’an 2000 : quinze ans ont passé depuis cette rencontre témoignage. Michelle Perrot évoquait dans un article, en 1985, « l’historien de l’avenir ». Elle rêvait de ce qu’il tirerait de ces discours entrecroisés autour de l’Année internationale de la jeunesse… Nous y sommes, ou presque ! De ces deux histoires, enchâssées l’une dans l’autre, je ne traiterai ici que de la première, celle du GSSJ des années 1960.

La fondation du GSSJ

Le Groupe des sciences sociales de la jeunesse a donc vécu de 1963 à 1969. Son principal objectif fut de « rassembler et [de] coordonner tous les travaux épars qui se font en s’ignorant et [de] réunir régulièrement les chercheurs qui les mènent [11] ». Cet épisode fédératif fut dense, mais court. A-t-il contribué à forger et à renforcer la sociologie de la jeunesse, qui ne semblait pas acquise d’emblée dans les milieux scientifiques ? C’est une interrogation que nous tenterons de reposer en fin d’article.

Reprenons l’histoire à son début.

Un beau jour, le 18 septembre 1962, Nicole de Maupeou, chercheur à l’Institut des sciences sociales du travail, écrit à Jacques Jenny, qui lui-même fait partie de l’équipe de Paul-Henry Chombart de Lauwe, du Groupe d’ethnologie sociale de Montrouge. Tous deux ont le grade d’attaché de recherche au CNRS et sont sociologues. Elle le félicite tout d’abord de la bibliographie qu’il vient de consacrer aux phénomènes de jeunesse dans la Revue française de sociologie [12]. Elle lui fait part de ses réflexions à partir du schéma théorique qui étaye son article et qu’elle juge original :

« Votre travail répondait à un réel besoin, il est temps de cesser de faire de la sociologie de la jeunesse en regardant par le petit bout de la lorgnette. Ce qui me semble excellent, dans la notion d'”affrontement” que vous proposez, c’est quelle laisse la porte ouverte à une approche culturaliste et à l’étude du changement social, initié par les jeunes générations dans certains contextes historiques, aux côtés d’études plus classiquement psychosociologiques, s’appuyant sur le concept d’adaptation et d’ajustement. »

Jacques Jenny lui répond le 12 octobre 1962 et, assez rapidement, l’idée de fonder un groupe prend corps. Dès janvier 1963, un texte de quatre pages est préparé et signé conjointement par Nicole de Maupeou et Jacques Jenny, c’est ce texte qui fondera le projet du groupe de travail « Sciences sociales de la jeunesse ». Il sera diffusé à partir du 1er mars 1963, accompagné d’un questionnaire à remplir, pour « dresser un inventaire de l’offre et de la demande et rassembler les critiques et suggestions de chacun ». Les destinataires en sont « les chercheurs français connus des auteurs du projet et les principaux directeurs de recherche et professeurs intéressés » [13].

La réunion constitutive du groupe aura lieu le 19 avril 1963, c’est donc une affaire rondement menée. On peut faire deux hypothèses : ou l’idée était déjà mûre dans quelques esprits, ou les deux initiateurs ont été particulièrement énergiques et convaincants (l’un n’empêchant pas l’autre d’ailleurs) ! Cette première réunion se déroule au Centre d’études sociologiques [14], la liste nominative signale quinze chercheurs présents, huit excusés et neuf absents.

Elle comprend les noms suivants, que j’ai choisi de faire figurer comme tels ; il me semble intéressant en effet de voir comment chacun a choisi de se présenter. Remarquons que certains indiquent leur organisme de rattachement à côté de leur nom et d’autres pas. Les présents listés sont : Noëlle Bisseret, Nicole de Maupeou, Claude Dufrasne, J. Charazac, J. A de Bay, P. Benedetto, Jean Hassenforder, Jacques Jenny, Georges Lapassade, Vincent Peyre, Sadoun, Robert Schielé, Jean Stoetzel, H. Carie, U. Billerbeck [15]; les huit excusés sont : Colette Garrigue, Madame Peinard, Monique Haicault, Odette Miret, Roland Devauges, Henri Périé, Philippe Robert, Jacques Sélosse ; enfin, ceux qui sont notés absents : Viviane Isambert-Jamati, Bianca Zazzo, Marie-Françoise Wautelet, Marie-Josephe Parizet, Michel Hoffmann, Jean-Pierre Imhoff, Bernard-Pierre Lecuyer, Yves Legoux, J. Rosay. C’est donc un éventail assez large, tant dans les statuts des uns et des autres que dans les appartenances institutionnelles ; mais, à quelques années près, tous font partie d’une même génération. Ils ont la trentaine et sont déjà [16] en poste ; il est assez remarquable à ce moment-là que leurs patrons respectifs (qui par ailleurs n’entretiennent pas toujours entre eux d’excellentes relations…) les autorisent à participer à une rencontre de ce type.

Les auteurs du projet avaient motivé leur initiative en dénonçant l’isolement des chercheurs dans ce domaine, tout en constatant leur dispersion :

« Les recherches psychologiques et sociologiques sur l’adolescence et la jeunesse sont de plus en plus nombreuses en France et à l’étranger, sans qu’existe aucune liaison systématique entre elles. La plupart de ces recherches se déroulent en effet, de façon parfois marginale, au sein de différents organismes ou équipes ayant leurs centres d’intérêt spécifiques (par exemple, groupes ou équipes de recherche sur les loisirs, le travail, la famille, l’éducation, les mouvements sociaux, la délinquance, etc.).

« II se pose donc des problèmes de coordination, tant entre disciplines et points de vue scientifiques différents (psychologie, psychosociologie et sociologie, sciences sociales particulières, etc.), qu’entre thèmes de recherche et catégories de population étudiées (par exemple adolescence pubérale et juvénile, masculine et féminine, rurale et urbaine, scolarisée et travailleuse, du “tout venant” et “pathologique”, etc.) et entre pays de structures sociales différentes (Europe occidentale, Amérique du Nord, pays socialistes européens et non européens, pays dits “sous-développés”, Israël, Japon, etc.). [17] »

L’objet jeunesse comme thème de recherche est à l’époque relativement original, ce que confirme le rapport national de conjoncture du CNRS de 1962-1963, section 30 (Sociologie et Démographie) [18], puisque n’y figure aucune mention directe et qu’aucune catégorisation n’est prévue à cet effet. Les promoteurs du groupe proposèrent une lecture croisée de ce rapport, en sélectionnant tous les travaux portant transversalement sur la jeunesse sous l’angle : des loisirs et des moyens de masse (équipe de Dumazedier), des jeunes ruraux (équipe de Mendras), des jeunes délinquants (Centre de Vaucresson), des jeunes ouvriers et des jeunes employés (ISST), ainsi que des recherches enquêtes à l’INOP, à l’Institut pédagogique national, à l’IFOP, etc.

C’est une situation qui pourrait être jugée comme quelque peu paradoxale, car la jeunesse des années I960 est particulièrement présente sur la scène médiatique et politique. Depuis la guerre, les experts et les spécialistes de tout poil se sont exprimés en son nom, les militants des divers mouvements l’ont défendue, l’État a sollicité « les corps intermédiaires » pour qu’ils la représentent dans un certain nombre d’instances, les politiques gaullistes l’ont mise à l’ordre du jour des prévisions du IVe Plan et les analyses sur le sujet ont proliféré. Autant de raisons pour s’étonner d’un paysage scientifique relativement réduit dans ce domaine à la même période. La production scientifique et la visibilité des faits sociaux connaissent souvent des décalages… Par ailleurs, il ne faut pas oublier que, à ce moment-là, l’institution CNRS est encore jeune dans ses structures, que de nouvelles équipes ont été recrutées depuis peu, que la licence de sociologie indépendante de la philosophie est encore toute neuve, que beaucoup de laboratoires en sciences sociales et humaines commencent tout juste à s’organiser. Le texte fondateur du projet [19] donne, à sa manière, une réponse à cette question :

« Un tel regroupement doit pouvoir s’installer dans le créneau […]. Cette coordination peut être utile, elle est surtout nécessaire, du fait de la nature même des faits sociaux, en étroite dépendance les uns avec les autres. La création d’un tel groupe constituerait donc un réel progrès, comme en témoignent d’ailleurs plusieurs exemples de coordinations analogues à l’étranger. Il va sans dire qu’un tel groupe ne peut et ne doit pas se développer au détriment d’autres groupes ou équipes de recherche déjà existants. »

Les chercheurs impliqués dans cette nouvelle coordination sont aventureux, mais pas téméraires : ils ne visent pas à s’imposer, ils prendront la place qui leur est allouée, dans le respect des structures en place ; mais ils trouvent une énergie renouvelée en se rapprochant les uns des autres.

Un fonctionnement qui porte ses fruits

Fonder un nouveau groupe de chercheurs relève à la fois d’une stratégie scientifique et d’enjeux théoriques ; c’est aussi un acte social, et parfois même militant. Le premier rôle en revient à Nicole Abboud. Instigatrice de l’idée, elle devient assez rapidement la théoricienne du groupe ; aux yeux de tous, c’est elle qui en est le leader et qui le restera. À l’ISST (Institut des Sciences Sociales du Travail) où elle est depuis six ou sept ans, elle a été productive, mais elle s’est sentie relativement isolée : elle est avide de nouvelles confrontations problématiques, elle a de l’appétit théorique. Jacques Jenny, lui, se revendique plutôt de la sociologie de la connaissance et se présente comme le spécialiste des questionnaires. Il a notamment écrit plusieurs articles dans des revues spécialisées, proches du terrain (Perspectives socialistes, Belles Vacances, l’École des parents, etc.), car il est souvent sollicité comme expert. L’un et l’autre n’ont pas le même trajet ni les mêmes références conceptuelles, mais ils ont des proximités intellectuelles. L’un comme l’autre sont des passionnés de recherche et n’affichent pas d’objectifs carriéristes ou d’ambitions institutionnelles. Comme l’ont souligné des témoins lors de la séance du 12 octobre 1984 : « Ils sont dépourvus d’arrogance sociale. »

Voici comment Nicole Abboud explique son initiative :

« C’est un concours de circonstances. Je me sentais isolée, je ne voulais plus travailler seule. J’ai su que Jacques Jenny travaillait sur ces questions. Je voulais créer un groupe transversal qui ne soit pas pris dans les institutions verticales. Moi, je voulais surtout déboucher sur un peu de théorie. Jacques Jenny, lui, a eu l’idée de la structure du groupe, c’était un rassembleur. »

Voici comment Jacques Jenny présente pour sa part les choses :

« Nous avons travaillé dans une complémentarité féconde. Nicole Abboud fut la tête pensante du groupe. On était de jeunes chercheurs dans un régime où le mandarinat dominait. C’était un moyen pour y échapper. »

Vincent Peyre résume ainsi leurs positions respectives :

« Nicole voulait qu’on pense, Jacques voulait qu’on agisse. Je les aimais bien tous les deux, et j’étais content qu’ils me fournissent l’occasion de sortir de l’enfermement de Vaucresson. [20] »

Nicole Abboud et Jacques Jenny ont su réunir autour d’eux des chercheurs issus de diverses origines, dont beaucoup étaient encore professionnellement jeunes, et pour lesquels le GSSJ fut avant tout un lieu de formation et de confrontation. Ces jeunes chercheurs n’avaient pas, pour la plupart, de « plans de carrière » très déterminés. Ce sont essentiellement des sociologues ou des psychosociologues, plusieurs appartiennent au CNRS, mais tous à l’époque se vivent comme « des laborieux », comme « les petites mains de la recherche [21] » ; ils mènent des enquêtes, rédigent et dépouillent des questionnaires conçus dans des appareillages assez lourds, comme c’était l’usage à l’époque. Ils sont souvent entrés au CNRS «par la petite porte » – en tout cas c’est ainsi qu’ils se présentent, sachant que c’est l’Ecole normale supérieure ou l’agrégation qui constituent à l’époque la voie royale. Plusieurs d’ailleurs ont passé leur thèse en cours d’emploi, après avoir obtenu leur poste d’attaché de recherche. Ils partagent une sensibilité commune, d’autant qu’ils ont parfois l’impression d’être un peu marginaux dans leur objet de recherche.

Quatre ans plus tard, en 1967, lorsque Vincent Peyre est chargé d’établir un relevé des situations professionnelles de chacun (fichier administratif et bibliographique), cette tendance est restée forte : sur les trente membres qui participent au groupe cette année-là, treize sont dans une université ou un établissement supérieur, dont sept au CNRS ou à l’EPHE, et dix-sept viennent d’ailleurs, dont sept issus d’institutions ou de services publics. Le seul agrégé est Yvon Bourdet. Cette composition est relativement peu inscrite dans la tradition académique, elle peut être due tout à la fois au profil du groupe tel qu’il a été constitué dès le départ, aux réalités du recrutement dans la discipline sociologique ou encore au positionnement du champ de recherche sur la jeunesse dans cette période.

Quant à l’organisation du groupe, elle se voulait simple et légère, mais des valeurs qui semblaient non négociables y étaient clairement affirmées :

«[…] coopération et non compétition (c’est-à-dire confiance réciproque et collaboration active de tous les membres) ; forme démocratique permettant aux chercheurs eux-mêmes, sans direction personnelle ni patronage, de décider du programme et des moyens d’action du groupe ; autonomie et indépendance, aucune existence institutionnelle ou administrative ni aucun rattachement exclusif à un organisme ou à un “patron” (sinon, éventuellement, dans le cadre de sociétés scientifiques comme la Société française de sociologie), afin de rester aussi ouvert que possible à toutes les disciplines, écoles ou tendances scientifiques : la plupart des participants sollicités sont d’ailleurs déjà intégrés à des organismes de recherche et sont déjà dirigés et parrainés dans leur recherche possible [22] ».

Le groupe s’est soucié à plusieurs reprises de l’évolution de ses objectifs, en fonction de la participation effective de ses membres et de leurs intérêts. Un questionnaire à remplir – c’était en quelque sorte une déformation professionnelle ! – fut envoyé aux membres du groupe à plusieurs reprises (au démarrage en 1963, en 1965-1966, en 1966-1967). L’analyse du premier a été communiquée dans une circulaire datée du 9 mai 1963 : vingt-neuf questionnaires envoyés, vingt-deux réponses reçues, dont dix-huit chercheurs qui se disent « beaucoup » intéressés et quatre « un peu ». Dans le compte rendu publié dans la Revue française de sociologie en 1965 [23] il est annoncé que vingt chercheurs ont d’emblée adhéré à cet effort de coordination, « avec l’accord de leur directeur de recherche ».

Le programme de travail proposé au GSSJ fut finalement assez classique : « fichier signalétique de personnes ou d’organismes, échange d’informations, bibliographie signalétique, comptes rendus analytiques et critiques sur ouvrages et articles, exposés et discussions sur des problèmes théoriques et méthodologiques [24] ». Et, tout au long de son existence, le groupe reste fidèle à ses premières intentions : les rencontres sont régulières, en moyenne quatre ou cinq par an ; les « débats théoriques » sont toujours assez nettement distingués des « recherches empiriques ». Pour exemple, voici le bilan des deux premières années [25] :

1. Débats théoriques

• juin 1963 : discussion sur les problématiques dans le cadre des recherches sur la jeunesse, à partir d’un texte de Nicole de Maupeou ;

• février 1964 : présentation d’une bibliographie critique sur l’emploi du concept de socialisation dans les travaux français sur l’adolescence, par Marie-Christine d’Unrug;

• avril 1964 : discussion du concept de conscience sociale de la jeunesse, avec la participation de Georges Lapassade (CNRS), de Nicole de Maupeou (ISST) et de Noëlle Bisseret (Groupe d’ethnologie sociale) ;

• mai 1964 : discussion du concept de maturation sociale, avec la participation de Jacques Jenny (Groupe d’ethnologie sociale) et d’Yves Legoux (Centre d’Etudes Sociologiques).

2. Exposés de recherches empiriques

• 6 décembre 1963 : exposé de Claude Dufrasne, auteur d’une thèse de troisième cycle sur les attitudes à l’égard de mouvements de jeunesse de participants et anciens participants appartenant à trois générations différentes ;

• 10 janvier 1964 : exposé de Robert Schielé, auteur d’un ouvrage sur la mentalité des apprentis scolarisés ;

• mars 1964 : exposé de Monique Haicault (ministère du Travail) sur les motivations professionnelles des jeunes demandeurs d’emploi s’adressant aux services de placement du ministère du Travail.

Ces rencontres visent à une réflexion de type scientifique, une confrontation problématique et théorique, une organisation fédérative d’un champ en constitution et des échanges de services. S’il ne semble pas qu’il y ait jamais eu l’ambition d’en faire un séminaire, ce sont pourtant des moments intenses de réflexion à plusieurs. La lecture des archives révèle souvent des discours nouveaux, des essais, au sens philosophique et épistémologique du terme : chacun ose, chacun propose, les autres disposent. S’il y a parfois des effets de tendance, on ne sent jamais de contradictions irréductibles. Les uns et les autres se souviennent [26] : « II y avait beaucoup de civilités dans nos débats, on se sentait une certaine responsabilité, on prenait les choses au sérieux. » Des questions cependant sont traitées plus souvent que d’autres, pendant que certains thèmes restent « sur la touche » : par exemple le rôle des mouvements de jeunesse, l’aspect juridique, ou la question psycho-sociologique des représentations sociales.

En 1965, le groupe se trouve quelque peu désorganisé, en partie à cause de l’absence de Nicole Aboud, partie aux États-Unis. De nouveaux membres souhaitent alors intégrer le groupe, notamment beaucoup d’étudiants de troisième cycle ainsi que des chercheurs étrangers (la rubrique qui figure désormais dans la Revue française de sociologie a certainement des effets). Mais les deux fondateurs font preuve de prudence par rapport au succès que connaît leur « enfant » :

« Nous continuons à n’être que des coordinateurs et des animateurs, pour que le groupe fonctionne réellement comme un groupe de travail : en effet, et nous tenons à le souligner de nouveau, il ne peut être question que nous fournissions unilatéralement des services aux membres du groupe, que ce soit au plan de la réflexion théorique (nous n’avons pas la qualité d’enseignants) ou au plan de l’information documentaire (nous n’avons pas les moyens d’avoir des documentalistes). [27] »

Le lundi 13 décembre 1965, Nicole de Maupeou de retour fait un exposé sur la sociologie de la jeunesse aux États-Unis. Les autres thèmes envisagés pour l’année à venir sont les suivants :

« – la jeunesse rurale ;

« – l’acculturation des jeunes ruraux émigrant dans les villes ;

« – la sociologie comparative des mouvements (spontanés et organisés) de jeunesse ; « – la psychologie comparative de l’adolescence en France et aux USA ;

« – les horizons professionnels et sociaux des jeunes travailleurs de l’industrie et leurs fondements. »

Les organisateurs restent très attachés à la forme des échanges ; ils soulignent que ceux-ci doivent être réservés et limités aux spécialistes d’une question et, d’un commun accord, souhaitent « éviter que ces réunions n’aient l’allure (qu’elles tendaient à avoir à la fin de la période d’essai) de faux séminaires (directifs) [28] ».

Quelques « affaires » dont il faut se défaire :

méfiance vis-à-vis des grands patrons

Cela étant dit, on comprend mieux, rétrospectivement, les réticences du groupe à se positionner collectivement dans les débats scientifiques, sociaux et politiques de l’époque. Pourtant, les tentations ont été grandes, en cette période de « juvénocratie ». Nos mémoires ne doivent pas oublier que c’est tout juste au moment où le groupe démarrait que se déroulait « la folle nuit de la nation », le 22 juin 1963 : « 120 à 150000 jeunes déferlent sur la place de la Nation après l’appel de l’émission “Salut les copains” sur Europe 1 [29]». Edgar Morin, quelques jours plus tard, en fit une analyse remarquée dans Le Monde [30]. C’est très exactement le lendemain de cette soirée mémorable du 22 juin que le GSSJ avait prévu sa réunion ! Cette coïncidence de dates a été évoquée lors de la rencontre du 12 octobre 1984, mais elle semblait ne pas avoir laissé de souvenir particulier [31] : les témoins avaient tout à fait oublié cette proximité de temps. La recherche se penserait-elle en dehors des « événements à chaud [32] », ou sont-ce seulement des effets de mémoire qui voudraient tisser des liens a posteriori entre des faits qui n’étaient pas vécus à l’époque comme étant en relation directe ? En tout cas, rien dans ces archives du GSSJ n’évoquait cette vague déferlante de jeunes qui avait tant impressionné les médias. Nous pourrions encore évoquer le lourd contexte de la guerre d’Algérie (1954-1962) qui précéda immédiatement la création du groupe. Plusieurs des chercheurs impliqués au GSSJ avaient personnellement milité dans ce conflit central qui a douloureusement partagé alors la société française, mais jamais ces événements dramatiques qui avaient touché au premier chef toute une génération de jeunes, et notamment ceux du contingent, ne sont entrés explicitement dans les problématiques esquissées tout au long des réunions du GSSJ.

La jeunesse pourtant avait rendu la société bavarde et, si le baby-boom était resté jusqu’alors une affaire de spécialistes (démographes surtout), au début des années 1960 les adolescents arrivent massivement sur la scène sociale [33]. On parle de « marée à endiguer [34] » puis, très vite, d’un nouveau marché de la jeunesse, calculé très précisément à partir de l’argent de poche des teenagers [35]Si jusqu’alors les études et les écrits sur la jeunesse avaient été surtout placés sur le terrain de la rhétorique et de la morale, des travaux scientifiques plus quantitatifs furent désormais convoqués au chevet de la consommation. La science pouvait-elle être l’arbitre d’un problème social faussement consensuel ? Les chercheurs – par réaction ? – se sont montrés prudents. Était-ce pudeur ou besoin d’autonomie ? le GSSJ en tout cas a su faire preuve d’une grande circonspection par rapport aux diverses sollicitations dont il pouvait être l’objet. Le groupe s’est toujours montré réservé face à toute tentative d’institutionnalisation ou de récupération : méfiance vis-à-vis de toute OPA ou de ce qui y ressemblerait ! Affirmer cependant que ce groupe a connu quatre années de totale félicité, ce serait trop dire ; chacun de ses choix collectifs et de ses refus, de ses résistances ou de ses hésitations a pu donner lieu à des frictions internes ou à des conflits plus ou moins larvés, plus ou moins exprimés.

Les commandes de recherche autour de l’objet jeunesse ont changé de nature au tournant des années I960. Elles se sont faites plus pressantes, plus lourdes aussi, et « les grands patrons » se sont trouvés en être parfois les vecteurs immédiats, malgré eux ou avec leur complicité. Les directeurs de recherche et professeurs qui ont gravité autour du GSSJ furent nombreux ; il s’agissait principalement de :

« Mme Favez-Boutonnier, MM. Chombart de Lauwe, Debesse, Delamotte, Dumazediér, Friedmann, Girard, Mendras, Marin, Naville, Reuchlin, Stoetzel, Zazzo. [36] »

Ils n’étaient jamais très loin, étaient souvent cités en référence, mais toujours volontairement maintenus à distance raisonnable, dans une certaine fidélité cependant vis-à-vis des usages institutionnels de l’époque. Jacques Jenny l’évoque ainsi [37] :

« Chombart aurait voulu que tout cela se passe sous son égide. Jean Stoetzel [38], de son côté, nous a très bien reçus : très patron à l’américaine, il nous a dit : “Vous ne me demandez pas mon patronage, je ne vous le donne pas. Vous êtes assez grands pour vous débrouiller seuls.” C’était quelqu’un de très libéral, mais d’un libéralisme teinté de scepticisme. [39] »

Le rapport aux patrons semblait cependant incontournable. Les patrons étaient traités avec le respect dû à leur position institutionnelle et intellectuelle, même si quelque insolence pouvait parfois se faire sentir. Chaque chercheur dans le groupe avait ses préférences théoriques. Vincent Peyre les décrit ainsi :

« Celles de Nicole Abboud sont chez Naville, mais aussi chez Touraine et Friedmann, ces deux derniers étant d’ailleurs en concurrence intellectuelle à l’époque ; moi-même, je me sentais aussi des proximités avec Naville. Gurvitch était le seul professeur en sociologie à l’époque qui ait ce grade. [40] »

II y eut au moins trois épisodes où le groupe fut sollicité dans des opérations ayant une certaine visibilité, tous ont eu lieu à peu près dans le même temps, au tournant de 1966-1967. Ce fut d’abord autour d’Edgar Morin qui, constatant la sclérose des méthodes d’enquête par questionnaires, proposa et promotionna la notion d’« événement à chaud ». Lors de la réunion du 9 décembre 1966, il vient en parler au GSSJ et cherche à l’entraîner avec lui. Voici comment les témoins s’en souviennent :

« On refusait de se laisser embarquer. Jacques et Nicole auraient accepté “le coup de Morin”, ils auraient eu les moyens et la reconnaissance…C’était sans doute un peu de pureté anarchiste, c’était le refus de toute inclusion dans un système où ils auraient occupé une place institutionnelle. [41] »

L’autre occasion fut l’ouvrage intitulé Des millions de jeunes, coordonné par Claude Dufrasne. Cette dernière se montre active, elle sollicite le GSSJ collectivement, mais elle n’en reçoit pas les échos qu’elle est en droit d’attendre. Elle a les contacts avec l’éditeur, cette publication peut être l’occasion d’exprimer des directions de recherche, au nom du groupe. Mais cela justement n’a pas été une opération du collectif en tant que tel, même pas celle d’un sous-groupe d’ailleurs. Plusieurs cependant y ont écrit un article, mais sollicités alors de manière individuelle. La gestation en fut assez longue. Ce fut un livre de synthèse, faisant le point sur de nombreux travaux de référence, mais qui peut-être n’a pas connu le succès auquel il pouvait prétendre [42].

Enfin, il y a eu le Livre blanc [43], cette vaste opération politico-médiatique orchestrée par le nouveau ministre François Missoffe [44] dans laquelle beaucoup de chercheurs se sont laissés embarquer malgré eux. Le GSSJ a exprimé collectivement son refus d’y participer en tant que tel, sachant qu’individuellement plusieurs chercheurs ont été amenés à rédiger des chapitres, dans le cadre de la commande officielle faite à leurs laboratoires respectifs à laquelle il leur était difficile d’échapper :

« II y avait des corps intermédiaires pour représenter la jeunesse, ce n’était pas à nous de les court-circuiter. […] Si nous avions fait alliance, nous aurions eu conscience de participer à un mauvais coup. C’était une question de déontologie. […] Nos institutions ont été sollicitées comme telles, mais nous : pourquoi aller répondre à Haby ? [45] »

Le Livre blanc fut un gros pavé [46], qui échoua sur les rayonnages (ou dans les tiroirs, plutôt) des administrations ; la plupart des articles et des études qui le composaient n’étaient d’ailleurs pas signés…

Comment interpréter cette fronde de jeunes chercheurs qui osaient prendre leur indépendance par rapport à un monde universitaire et scientifique encore très académique et hiérarchique et qui de surcroît se montraient dubitatifs par rapport à des entreprises où ils étaient collectivement sollicités et dans lesquelles ils auraient incontestablement gagné de la reconnaissance sociale ? Leur statut professionnel et institutionnel n’était pas à ce point solide pour qu’ils ne soient sensibles à la demande sociale – quel chercheur en effet n’y succombe pas, à certains moments de sa carrière ?

Dans cette période de planification des équipements (IVe et Ve Plans de développement économique et social : 1962-1966 et 1966-1970), la discipline sociologique tout particulièrement a été promotionnée au royaume – insondable ! — de l’expertise et du prévisionnel. Beaucoup de chercheurs participaient directement aux commissions du Plan et envisageaient l’avenir dans leur travail quotidien dans ce contexte porté par le déterminisme de la croissance économique. Devant de telles urgences sociales, prendre le temps de réfléchir aux références théoriques, introduire une analyse qualitative face aux nécessités quantitatives et s’y confronter à quelques-uns pouvait être ressenti comme un luxe nécessaire dont la jeune génération que constituaient les chercheurs du GSSJ ne s’est pas privée.

Une autodissolution délibérée ou conjoncturelle ?

Comment tout cela a-t-il tourné ? Les chercheurs sont restés groupés quatre ans, en rangs serrés ; ce n’était pas très long, mais ce fut dense. Mais la propension à l’autonomie, la charge de travail de chaque laboratoire, le manque d’organisation logistique collective ont eu raison de ce regroupement ponctuel et conjoncturel. Pourquoi avoir mis un frein, pourquoi avoir arrêté ? Qui en a pris la décision ? Y avait-il des raisons objectives ? J’ai interpellé plusieurs chercheurs sur les causes de la fin du GSSJ… Les réponses spontanées qui m’ont été faites tournent autour des événements de 1968 et du contexte troublé qui en a résulté. Pourtant – est-ce reconstruction de la mémoire ou rationalisation a posteriori -, ce n’est pas ce que laissent à voir les archives. Les traces écrites donnent en effet une version un peu moins héroïque… Le groupe semble s’être dispersé non pas à cause de 1968, mais quelque temps avant, et plus par lassitude progressive que par volonté collective délibérée.

Après un démarrage en flèche soutenu par une forte motivation, il y avait déjà eu, comme nous l’avons souligné, un premier temps de latence pendant lequel les deux initiateurs et animateurs du groupe étaient occupés ailleurs : Jacques Jenny menait ses recherches et Nicole Abboud rédigeait sa thèse (qu’elle a finie en 1966). Puis il y eut un second « creux », pendant lequel Nicole Abboud est aux États-Unis (elle en revient en 1967) et Jacques Jenny au Québec (il y reste jusqu’en 1969). Est-ce à croire que le groupe n’avait pas trouvé assez de maturité pour se passer de ses fondateurs ? Plus prosaïquement, il y a eu sans doute d’une part une certaine fatigue et d’autre part des contradictions internes qui se sont faites plus fortes, devenant plus difficiles à assumer et à gérer.

Il y a une explication peut-être, qui tiendrait à une tentative d’institutionnalisation ; une institutionnalisation qui, au départ, semble avoir été souhaitée par les membres du groupe, mais qui apparaît finalement comme ayant cassé le fil. Philippe Robert, qui a fait partie surtout de la seconde vague, y a poussé. La proposition n’était pas bouleversante : il s’agissait seulement d’opérer la transformation de ce groupe juridiquement informel en association 1901 [47] ! La décision a été prise en commun le 24 janvier 1967 par ceux qui étaient présents, et les statuts ont été déposés le 11 octobre 1968. À partir de là, la mort du groupe était signée ! Le GSSJ était-il un collectif si désintéressé qu’aucune organisation n’était supportable, pas même celle de la loi de 1901 ? La tendance « anar » était-elle à ce point partagée à l’intérieur du groupe ?

La mémoire embellit parfois les choses ; je proposerai une version plus pragmatique, tenant à une dispersion des forces, à une latence dans les décisions et à une lassitude dans la logistique.

C’est donc en décembre 1967 qu’un bureau est élu ; il était ainsi composé : Nicole Abboud (présidente et responsable des relations avec les organismes extérieurs), Philippe Robert (secrétaire général), Georges Lapassade (responsable de la commission « Organisation d’échanges scientifiques »), Vincent Peyre (responsable de la commission « Chercheurs et recherches »), Monique Chauchat (responsable de la commission « Documentation », trésorière et chargée d’assurer les tâches de secrétariat) et Claude Dufrasne (« sans responsabilité particulière »). Ce bureau ne se réunira ensuite qu’une fois, en novembre 1968, et deux de ses membres seulement seront présents, sur les six qui le composent : Monique Chauchat et Vincent Peyre, tous deux issus du Centre de Vaucresson. C’est juste avant, en octobre, que le texte définitif des statuts a été remis à Nicole Abboud et déposé plus d’un an et demi après que la décision en ait été prise. Nicole Abboud justifie ce retard par « de gros problèmes de communication, et aussi en raison des événements de mai-juin 1968 [48] ».

Philippe Robert s’était intéressé au groupe dès le début [49], lorsqu’il était encore à Bordeaux, et dès le début il avait fait quelques critiques :

« D’un point de vue général, il me semble que la tentative de Nicole de Maupeou est trop précoce et trop rigide. Notre groupe n’a pas suffisamment d’homogénéité et de rodage pour se lancer dans l’examen d’une problématique spécifique. Nous risquons, soit d’excommunier certaines tendances, soit de nous enfermer dans un cadre qui conviendra mal à bon nombre d’entre nous. […] Au demeurant, l’idée d’une spécificité des sciences sociales de la jeunesse me paraît critiquable. Il y a là plutôt un carrefour privilégié de mise en perspective multidisciplinaire. [50] »

Philippe Robert cherchait alors à défendre sa position de criminologue et montrait des réticences à des rapprochements qui seraient uniquement scientifiques :

« Le GSSJ n’est pas un groupe de recherche, mais un organisme de coordination où se retrouvent des chercheurs venant d’organismes variés, possédant des formations disciplinaires différentes, étudiant des points de vue multiples, mais unis par une commune matière ou plutôt un seul champ d’action : les sciences sociales de la jeunesse. [51] »

En 1967, tout en restant fidèle à sa position, il donne parfois l’impression d’être lui-même tenté par la voie de l’institutionnalisation :

« Toujours le GSSJ a oscillé entre deux tendances. Les uns (Nicole de Maupeou notamment) voulaient le faire déboucher rapidement sur une unité opérationnelle (unité de réflexion et même de recherche active). Pour d’autres (c’est, je crois, grosso modo, notre point de vue commun), le GSSJ est surtout un groupe de coordination. La dernière réunion a montré à l’évidence qu’il n’était pas possible d’en faire un nouveau groupe de recherche. Mais il n’en reste pas moins un réservoir où peuvent se recruter des équipes pour tel ou tel travail intéressant la jeunesse (c’est au fond ce qui s’est passé avec le livre dont Claude Dufrasne [52] est chef de file). [53] »

Dans cet état d’esprit, Philippe Robert propose un rapprochement avec la Fondation Royaumont, qui lui semble être une opportunité à saisir dans une période où cette fondation cherche son orientation. Il insiste à plusieurs reprises auprès de Nicole Abboud pour qu elle dépose les statuts de l’association à la préfecture, car, écrit-il, « il faut battre le fer quand il est chaud ». Or c’est à partir de là que le GSSJ se disperse ! Fallait-il y voir une tentative de récupération, comme d’aucuns l’ont suggéré plus tard ? C’est une analyse sur le mode soixante-huitard qui masque plutôt, à mon avis, une certaine lassitude parmi les forces vives du groupe. Nicole Abboud n’était pas femme à s’en laisser conter, et le relatif pessimisme contenu dans la dernière lettre circulaire, datée du 15 mai 1969, témoigne de cette phase de repli collectif:

« Si on fait le point aujourd’hui, on peut dire que le bilan des opérations est assez décevant, cela tenant sans doute en grande partie à des difficultés de communication entre des gens travaillant chacun dans un lieu différent. La nécessité de recourir à des méthodes bureaucratiques et impersonnelles type questionnaire ne fait sans aucun doute qu’aggraver le problème et diminuer chez chacun une volonté de coopération déjà fragile. [54] »

Outre « les ennuis personnels de santé » qu’elle évoque, Nicole Abboud espère sans y croire que « le processus entamé ne va pas s’enliser dans les sables [55] ». C’est pourtant ce qui se passe. Le nouveau projet de bulletin d’information documentaire qui est envisagé ne se réalisera pas. Les « difficultés » qui semblent alors quasiment insurmontables ne l’étaient pas quelques années plus tôt : manque de local [56], problèmes de gestion et de coordination, absence de ressources propres… Nicole Abboud se demande donc « si oui ou non ça vaut la peine de continuer » et espère que le retour de Jacques Jenny du Canada l’aidera à résoudre les problèmes.

C’est là que l’histoire de ce groupe s’arrête. Nicole Abboud la qualifiera d’« éphémère [57] ». On l’a souligné, beaucoup des compagnons de la première heure analysent ce destin du groupe à partir de sa personnalité. Vincent Peyre analyse ainsi le rôle qu’elle a joué (il a été étudiant avec elle à l’INOP) :

« À une période où la scène sociologique était dominée par quelques grandes figures auxquelles de jeunes chercheurs devaient allégeance, l’indépendance intellectuelle de Nicole Abboud était plutôt incongrue. Sa conception du travail était débarrassée du poids des hiérarchies et des arguments d’autorité, hors de toute compétition pour le pouvoir et le prestige. [58] »

Nicole Abboud avait une grande qualité : la curiosité. Elle a assuré autour d’elle une continuité de la pensée et certainement a pour partie imprimé au groupe un mode de conceptualisation qui était le sien. Ce côté frondeur émanant de quelques jeunes chercheurs positionnés sur un chantier sociologique nouveau à l’époque, les anciens membres du groupe peuvent aujourd’hui en assumer l’image, ce qu’ils font d’ailleurs à travers les témoignages qu’ils ont donnés de cette période. Beaucoup d’anciens membres du GSSJ se sont retrouvés, quelque temps plus tard, à la Société française de sociologie : après le refus de l’académisme, ils étaient passés, sans vouloir faire de jeu de mots, « de l’autre côté de la barricade »…

Le GSSJ a-t-il contribué à créer une sociologie de la jeunesse ?

Peut-on parler d’école de pensée à partir du GSSJ ? Une école, c’est sans doute trop dire, mais un courant certainement, connu de « ceux qui y étaient », ignoré de ceux qui ne connaissaient pas le groupe, mais perceptible dans les traces qu’il a laissées dans l’organisation sociologique. C’est ce que suggère Jacques Jenny dans son témoignage :

« II me paraît important de ne pas sous-estimer les effets dérivés, indirects, de l’action du GSSJ dans le champ sociologique de l’époque et dans le processus de formation continue de ses membres. [59] »

Le GSSJ aura-t-il su insuffler un nouveau genre de sociologie, a-t-il donné corps à ce que l’on nommera un peu plus tard « la sociologie de la jeunesse » ? Il est à remarquer que, au début des années 1960, dans La Revue française de sociologie ou dans L’Année sociologique, par exemple, il y a place dans les différentes rubriques pour : la sociologie rurale, la sociologie urbaine, la sociologie religieuse, la sociologie juridique et morale, la sociologie économique, la sociologie politique, la sociologie du travail, la sociologie de l’éducation, la sociologie du loisir même… Mais la sociologie de la jeunesse ne figure pas en tant que telle. C’est d’ailleurs cet état de choses que reflète l’article de Nicole de Maupeou-Abboud, dans sa bibliographie critique figurant en annexe de l’ouvrage Des millions de jeunes publié en 1966. La sociologie de la jeunesse arrive en quatrième position (six pages au total sur les trente-huit [60]), après les chapitres : « Psychosociologie de l’adolescence », « Psychosociologie des apprentissages sociaux et culturels des jeunes », « De la psychologie des apprentissages sociaux et culturels à la sociologie des conduites, de la conscience et de l’action collective des jeunes ». Et le chapitre est ainsi présenté :

« Ce domaine de la recherche, pour être mieux compris, doit être divisé en un certain nombre de sous-domaines ; de toute façon, ce qu’on étudie dans chaque cas, ce ne sont pas les conduites des jeunes, mais les structures, les systèmes de valeurs et les pratiques sociales qui constituent le cadre institutionnel et culturel, statique et dynamique, dans lequel les jeunes sont définis en tant que jeunes au moment de leur entrée dans la vie, c’est-à-dire au cours de la période qui fait suite à l’enfance. [61] »

Le chapitre est ensuite divisé en deux parties :

A – « La sociologie du rôle de l’âge et des classes d’âge dans la division du travail social et dans la division du pouvoir social » ;

B – « Sociologie des âges de la vie. Principes de découpage, degré de valorisation attaché à chacun d’eux, contenu vécu de chacun d’eux ».

Peut-être l’historien est-il un peu hermétique à ces enjeux de branches à l’intérieur de la discipline sociologique ; mais voilà, vous en conviendrez, une présentation subtile, et en tout cas pour le moins compliquée, qui tranche avec l’aventure du groupe telle qu’elle vient d’être ici rapportée… Y aurait-il une difficulté à énoncer l’existence de la sociologie de la jeunesse pour elle-même, serait-elle suspecte aux yeux du monde scientifique ? C’est bien ce que laissait entendre Jacques Jenny dans son témoignage :

« N’ayant pas de projet scientifique consensuel, n’étant même pas persuadés que nos objets de recherche constituaient des objets pertinents du point de vue des Sciences Sociales et a fortiori de la seule Sociologie [62] (mais n’étant pas persuadés du contraire), et ne voulant pas “tricher” avec les règles administratives ni avec nos principes de rigueur sous prétexte d’avantages matériels et sociaux (les locaux, postes et crédits nécessaires à toute activité durable et à toute existence officielle), il ne nous restait qu’à persévérer dans notre Coopérative semi-clandestine et semi-marginale, c’est-à-dire sans grande visibilité extérieure et en marge de nos équipes et institutions de rattachement respectives. [63] »

Pourtant le GSSJ, incontestablement, était « sur un créneau ». Les enjeux autour de la jeunesse étaient forts dans la décennie I960, qu’ils soient licites ou non, explicites ou non. Le groupe était, même malgré lui, au centre de la tourmente, et l’environnement social et politique était porteur, la société se montrant désireuse de démonstrations scientifiques. Au-delà de la prolifération des discours sociaux, le besoin de théorisation et de conceptualisation se faisait grandement sentir. À côté de ce contexte national, la situation internationale, et en tout cas européenne, était elle aussi pressante. Nous pourrions prendre pour indicateurs les congrès de l’Association internationale de sociologie qui, d’Évian en 1966 à Varna en 1970, à Vienne ensuite, ont démontré que le thème « jeunesse » pouvait trouver toute son ampleur dans les débats internationaux.

Bien sûr, dans les sciences sociales, on ne taille pas si facilement le costume d’un nouveau champ de recherche sans créer des jalousies, des concurrences. Il fallait opérer un partage du territoire et faire une place à la sociologie de la jeunesse à côté, entre autres, de la sociologie de l’éducation, déjà bien implantée. Il fallait se donner les armes d’une reconnaissance scientifique sur un domaine jugé jusque-là non académique. À l’époque pourtant, d’autres sociologues évoquent l’objet jeunesse, en dehors du GSSJ : Lapassade et son concept d’« entrée dans la vie » en 1963, Dumazedier, Darras en 1966, Chamboredon en 1970, sans oublier toute la sociologie américaine aux travaux de laquelle on se référait beaucoup en France à ce moment-là.

Lorsque le réseau Jeunesses et Sociétés est relancé en 1983, les enjeux ne sont plus tout à fait les mêmes [64]. Les chercheurs qui en font partie semblent avoir accepté plus facilement d’être sollicités par l’environnement politico-social ; mais le concept de « jeunesse » est resté sociologiquement suspect : « la jeunesse n’est qu’un mot » ont dit et répété Pierre Bourdieu et les sociologues appartenant à son école de pensée. Des problématiques se sont plus volontiers développées autour des concepts de classe d’âge, de génération, de rites de passage, etc. Outre la démonstration sociologique qui en a été faite, l’historien ne peut manquer de s’interroger cependant sur la difficulté récurrente à valider la jeunesse dans son statut politique et scientifique et par suite à valider le rôle du « sociologue de la jeunesse » dans la société française des Trente Glorieuses.

Le GSSJ fut un moment court, mais intense. Des chercheurs s’y sont personnellement impliqués, et si le groupe a laissé peu d’échos officiels de son existence, il a contribué à maintenir un solide tissu relationnel. Les chercheurs – nous l’avons dit au début de cet article – sont des acteurs sociaux comme les autres qui, au-delà de la solitude de leurs écrits personnels, existent aussi collectivement ; et c’était peut-être une dimension qu’il ne fallait pas oublier. Les chercheurs des années 1960 ont fait du GSSJ un espace intermittent de croisements théoriques, ils n’en ont pas fait un instrument de controverse durable. Le fallait-il ? Un hypothétique « Institut des sciences sociales de la jeunesse » a été évoqué à quelques reprises, mais il n’a jamais vu le jour, il n’y eut même pas l’embryon d’un préprojet. Pourtant, l’occasion était belle et la situation favorable ! C’est donc plutôt l’impression d’un épisode ponctuel, bien que militant, qui semble dominer dans cette histoire et qui reste dans les mémoires.

Ce fut une aventure, une aventure « théorique » !



[1] Les Jeunes et les Autres. Contributions des sciences de l’homme à la question des jeunes, coordonné par François Proust, CRJV, Vaucresson, 1986 (le volume 1 est présenté par Michelle Perrot et le volume 2 par Annick Percheron).

[2] Le collectif Jeunesses et Sociétés a été constitué en 1982, des séminaires et des rencontres ont été régulièrement organisés et le premier numéro des Cahiers «Jeunesses et Sociétés » est sorti en février 1984.

[3] Nous utiliserons dans cet article le sigle GSSJ pour le désigner, comme ses membres le faisaient à l’époque.

[4] Six cartons exactement, marqués « Archives du GSSJ ».

[5] Elle avait fait partie du GSSJ et était bibliothécaire à Vaucresson.

[6] Centre de formation et de recherche de l’Éducation surveillée, laboratoire du CNRS associé au ministère de la Justice, localisé à Vaucresson.

[7] Elle m’a donné ce fonds peu de temps avant sa mort, survenue brutalement en 1988. Elle signait ses publications soit sous le nom de Nicole Leplâtre, soit sous celui de Nicole de Maupeou, soit sous celui de Nicole Abboud, soit encore sous celui de Nicole de Maupeou-Abboud… Nous prendrons pour principe dans cet article de choisir le patronyme tel qu’utilisé pour les citations d’archives et, sinon, d’utiliser de préférence le nom de Nicole Abboud.

[8] Qui m’a versé à cette occasion une grande partie de ses archives professionnelles correspondant à cette période.

[9] Le fonds de Vincent Peyre, sociologue à Vaucressson, est aujourd’hui déposé au CAPEA (Centre d’archives de la protection de l’enfance et de l’adolescence), à Angers.

[10] Saluons cependant les initiatives récentes du CNRS ; voir le Bulletin du Comité pour l’histoire du CNRS, n° 1, février 2000. L’éditorial souligne d’ailleurs que « L’histoire de la recherche publique n’a pas encore suscité de massives vocations. C’est dommage et, espérons-le, provisoire ».

[11] Extrait de la lettre que Nicole de Maupeou adresse à Jacques Jenny, datée du 18 septembre 1962.

[12] Jacques Jenny, « La maturation sociale », Revue française de sociologie, avril-juin 1962.

[13] Cité par Jacques Jenny dans le bref historique qu’il fait devant les participants à la réunion constitutive du 19 avril 1963.

[14] 82, rue Cardinet, dans le XVIIe arrondissement, à Paris.

[15] Il est précisé que « H. Carie et U. Billerbeck représentent le professeur Ludwig von Friedeburg, de l’Institut de sociologie de Berlin, qui prépare un “reader” sur la jeunesse dans la société moderne ».

[16] Le « déjà » est un anachronisme, mais voudrait souligner la différence de situations entre cette génération, qui a bénéficié de budgets de recherche en expansion, et les générations qui suivront…

[17] Projet du groupe des « Sciences sociales de la jeunesse » diffusé le 1er mars 1963 (archive).

[18] Il est envoyé à tous les membres du GSSJ le 9 mai 1963, en même temps que le compte rendu de la réunion du 19 avril.

[19] Projet du 1er mars 1963, op. cit.

[20] Ces propos cités sont extraits d’entretiens que j’ai menés avec chacun des protagonistes.

[21] Ce sont des expressions – attitude de modestie là encore ? – qui ont été utilisées à plusieurs reprises par les témoins présents à la séance du 12 octobre 1984.

[22] Projet du 1er mars 1963, op. cit.

[23] Revue française de sociologie, vol. VI, juillet-septembre 1965, rubrique « Actualité de la recherche ».

[24] Projet du ler mars 1963, op. cit.

[25] Revue française de sociologie, op. cit.

[26] Séance du 12 octobre 1984.

[27] Document d’archivé, daté de 1965.

[28] Document d’archivé, daté de 1965.

[29] D’après les nombreux articles de journaux de l’époque sur cet événement.

[30] « Salut les copains, une nouvelle classe d’âge », Le Monde, 6 juillet 1963 ; et « Salut les copains, le yéyé », Le Monde, 7 juillet 1963.

[31] Je n’ai d’ailleurs rien trouvé non plus à ce propos dans les archives écrites du GSSJ.

[32] Concept proposé justement par Edgar Morin quelques temps plus tard… Voir plus loin.

[33] Voir à ce propos Françoise Tétard, « L’effet de la montée des jeunes sur la société française au début des années 1960 », dans Générations de jeunes, Bruxelles, SECJ, 1989 (colloque AISLF, Genève, « Le lien social », août 1988).

[34] La marée scolaire, tout particulièrement, est évoquée : les classes sont surchargées, les cours se tiennent dans les baraquements, les enseignants ne sont pas assez nombreux…

[35] Se reporter par exemple à deux numéros de la revue International Marketing, de 1962 et de 1963.

[36] Liste citée par Jacques Jenny dans le bref historique qu’il fait devant les participants à la réunion constitutive du 19 avril 1963.

[37] Entretien croisé du 15 novembre 1999, avec Jacques Jenny et Vincent Peyre.

[38] Il a écrit un ouvrage qui fait référence : Jean Stoetzel, Jeunesse sans chrysanthème ni sabre. Études sur les attitudes de la jeunesse japonaise d’après-guerre, Paris, Pion, 1953, 340 pages.

[39] Citation d’après un entretien avec Jacques Jenny.

[40] Entretien croisé du 15 novembre 1999, avec Jacques Jenny et Vincent Peyre.

[41] Phrase directement tirée du décryptage de la séance du 12 octobre 1984.

[42] Des millions de jeunes. Aspects de la jeunesse, Claude Dufrasne (études recueillies et présentées par), Paris, Éditions Cujas, 1967, 619 pages (articles de Bernard Camblain, Paul Clerc, Yves-Marie Cloître et Claude Dufrasne, Colette Garrigues, Nicole de Maupeou-Abboud, Henri Périé, Philippe Robert, Bianca Zazzo).

[43] Voir à ce propos Françoise Tétard, La Jeunesse et Sports face à « la participation des jeunes » : dialogue ininterrompu entre un ministère et une utopie, ministère de la Jeunesse et des Sports, avril 1997 (partie 4).

[44] Il succède – difficilement – à Maurice Herzog, qui avait bénéficié d’une image très favorable dans les milieux de jeunesse durant ses sept ans d’exercice.

[45] Extrait tiré du décryptage de la séance du 12 octobre 1984.

[46] Le document (plus de trois cents pages) n’était pas paginé dans sa première version ! Il est ensuite publié sous le titre Jeunes d’aujourd’hui. D’après le rapport d’enquête du ministère de la Jeunesse et des Sports (1967), ministère de la Jeunesse et des Sports, Paris, La Documentation française, 338 pages.

[47] En cette année de commémoration de la loi de 1901, il serait intéressant d’étudier le rapport qu’entretiennent les chercheurs avec le cadre juridique associatif…

[48] cf. l’historique rappelé par Nicole Abboud dans la lettre adressée à tous les membres du groupe, datée du 15 mai 1969.

[49] Il faisait partie des excusés à la réunion constitutive du 19 avril 1963.

[50] Lettre de Philippe Robert à Jacques Jenny, envoyée le 4 novembre 1963, avec la réponse au questionnaire (archives).

[51] Lettre de Philippe Robert à Jacques Jenny, datée du 27 novembre 1965 (archives).

[52] Il s’agit ici de Des millions déjeunes, dont il a déjà été question.

[53] Lettre de Philippe Robert à Jacques Jenny, datée du 4 février 1967.

[54] Lettre-circulaire du 15 mai 1969 (archives).

[55] Lettre de Nicole Abboud à Monique Chauchat, datée du 21 avril 1969 (archives).

[56] Le centre de Vaucresson a été suggéré, mais cela lui semble beaucoup trop loin.

[57] Nicole de Maupeou-Abboud, « Georges Lapassade : la maturité ça n’existe pas ! », Cahiers «Jeunesses et Sociétés », n° 13, juin 1990, p. 68.

[58] Témoignage de Vincent Peyre (CRTV-Vaucresson), « Nicole de Maupeou-Abboud et le GSSJ », Cahiers «Jeunesses et Sociétés », n° 13, juin 1990, pp. 64-65.

[59] Témoignage de Jacques Jenny (CRIT-IRESCO), « Nicole de Maupeou-Abboud et le GSSJ », Cahiers «Jeunesses et Sociétés », n° 13, juin 1990, p. 6l.

[60] Elle précise qu’« elle prend presque uniquement les écrits publiés dans la période 1950-1960 » (Des millions de jeunes, op. cit., p. 533).

[61] Nicole de Maupeou-Abboud, « Bibliographie critique », dans Claude Dufrasne (études recueillies et présentées par), Des millions de jeunes, op. cit., p. 566.

[62] La majuscule est dans le texte…

[63] Témoignage de Jacques Jenny dans les Cahiers «Jeunesse et Société », n° 13, juin 1990, p. 61.

[64] Consulter à ce propos l’intéressant ouvrage La Jeunesse en questions. Orientations de la recherche et sources documentaires en sciences sociales, 1982, Paris, La Documentation française, 1983. Les chercheurs suivants y ont participé : Jean-Charles Lagrée, Paula Lew-Faï, Patrick Gallaud, Pierre Grelley, Jacques Jenny et Gérard Mauger.

Laisser un commentaire