les pièges de la notion d’ « identité » (2007)
les présupposés de cette thématique,
les pièges de la notion d’«identité»
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PLAN de cette introduction
1 – Focaliser sur les “pièges” de l’identité ne dispense pas de traiter préalablement les problèmes de fond posés par l’emploi de la notion, du mot lui-même, ses usages convenus :
quels sont les présupposés implicites de toute problématique qui recourt à cette notion pour parler des rapports humains, des rapports sociaux, dans toute leur diversité et complexité ?
2 – Le philosophe méconnu Gilbert Simondon nous propose une critique radicale des “outils de la pensée” que nous employons naïvement comme naturels, allant se soi ; et il nous propose un paradigme des Potentiels et de la Métastabilité comme “noyau dur” d’une théorie ontogénétique de l’ “individuation”.
Qu’est-ce à dire, par rapport à notre débat sur les problèmes, les pièges, de l’identité ?
3 – “Revenons sur terre” et essayons d’appliquer ce paradigme fondamental aux problèmes humains et sociaux contemporains : quelques propositions psychosociologiques illustrées par une structure dite en Chiasme qui “dialectise” la structure classique du système cybernétique et son schéma circulaire de la théorie de l’information.
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Avant-propos
La critique sociologique des problématiques de l’identité (notamment par A. Touraine, P. Bourdieu, S. Ostrowetsky, Philippe Zarifian) n’est pas exposée ici parce qu’elle est confiée à d’autres intervenants ou reportée en Annexe.
On en retiendra surtout que le principe d’identification – opposition identitaire fonctionne comme un principe « légitimé » de définition / division du monde social. Il n’est pas nécessaire d’être marxiste pour reconnaître que cette légitimité n’a rien de « naturel » ni de juste mais qu’elle procède de constructions historiques où les « discours » et rapports de sens interfèrent avec les conflits et rapports de force : les définitions identitaires (et territoriales) ont été souvent imposées par des actes d’autorité, sinon de violence et d’exclusion – au-delà des compromis et des pacifications durablement fragiles.
On aura aussi grand intérêt à lire l’autre exposé préliminaire que notre ami Elio Cohen a fait au cours de cette même Rencontre-débat organisée par Soleil en Essonne le 7 décembre 2007 à la Maison du Monde d’Evry :
il suffit de cliquer sur http://soleilessonne.net/IMG/pdf_Les_pieges_de_l_identite_Elio.pdf
pour lire cette Note préparatoire à une réflexion commune sur : « Les pièges de l’identité »
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1 – Présupposés implicites
Ici, je me réfère principalement à un article de la revue Langage et Société (juin 1984) où la sociologue Sylvia Ostrowetsky exposait sa théorie originale des « procédures identificatoires ».
Rappelons tout d’abord que les présupposés implicites sont rebelles à l’analyse lorsque, comme c’est le cas ici, ils confèrent au discours (identitaire) une évidence in-discutable, à l’insu des protagonistes :
« je suis … », « tu es … », « nous sommes … », « ils sont … » CECI ou CELA, par incompatibilité binaire, réelle ou supposée, des critères d’appartenance,
– ou même Ceci ET Ceci ET Ceci …, par accumulation de plusieurs caractères distinctifs compatibles (conception plus complexe des positions statutaires, des adhésions affinitaires).
On parle d’ « acte identificatoire » (en psychologie cognitive) et du caractère « performatif » de telles identifications (en sociolinguistique) – considérées comme coextensives à l’existence sociale et individuelle, donc comme on ne peut plus banales, non problématisables.
Précisément les identités, individuelles et collectives, apparaissent comme une nécessité de toute organisation sociale de l’humanité, et de toute organisation intellectuelle de la réalité – c. à d. de toute catégorisation : êtres humains et groupes sociaux, et plus généralement tout objet de connaissance.
Le monde, tant naturel que social, ne peut pas être pensé comme indifférencié.
Mais de fait cette banale nécessité de la différenciation identitaire s’accompagne de deux principales autres attributions : attributs de la permanence (pérennité existentielle) et de la valorisation (jugements de valeur), reflet des rapports sociaux foncièrement asymétriques, voire inégalitaires, de dominance, sinon de domination.
Alors que, dans une fiction éloignée des rapports sociaux et historiques réels, ces attributs pourraient être « logiquement » disjoints de ce qui constitue l’essence même de l’identité, force est de constater que cette notion semble être intrinsèquement contradictoire avec les idées mêmes de changement / évolution pour chaque être identifié, d’une part, et d’ équi-valence / symétrie pour les rapports mutuels entre les êtres identifiés, d’autre part.
S’agit-il alors d’une aporie insurmontable, qui ne ferait qu’exprimer l’effet de dominance des « classes dominantes » ?
En d’autres termes, on peut dire que les processus d’identification (y compris d’auto-identification) correspondent pratiquement à des procédures d’étiquetage : comme on dit vulgairement, on se colle (on lui colle / on leur colle) une/des étiquette/s (peu importe où, sur le front ou ailleurs ?). Et cela constitue à l’évidence des actes éminemment réducteurs même lorsqu’ils ne sont pas connotés de manière péjorative, dévalorisante – auquel cas on parlera de « stigmatisation » (cf. Goffman, par exemple).
En effet l’étiquetage réduit l’objet, la personne, le groupe, la nation, etc …, à une représentation nécessairement simpliste, voire unidimensionnelle ou caricaturale – en focalisant le regard sur tels ou tels caractères descriptifs (voire sur plusieurs caractères cumulés), souvent stéréotypés et peu pertinents par rapport aux enjeux de l’actualité sociale, comme le sont par exemple la couleur de la peau (« black »), la religion (« Islam ») ou le quartier d’habitation (« banlieues »).
Même lorsqu’il s’agit de caractères d’état-civil apparemment objectifs et signalétiques (comme le sexe, l’âge, le lieu de naissance, les « origines ») ces étiquetages sont rarement tout à fait « neutres » parce que connotés en valeur positive ou négative – toujours par rapport aux norme implicites des discours dominants. Il est bien connu par ex. que les « Blancs, mâles, adultes, classes moyennes, Occidentaux » n’ont guère besoin de décliner leur identité puisqu’ils sont la référence implicite de catégorisation de ceux qu’on appelle « les Autres » (cf. la thèse remarquable, récemment rééditée en livre de poche, de Colette Guillaumin sur les discours implicitement racistes dans la grande presse des années 60).
Comme le disait notre consoeur sociologue Aïssata Alpha Bâ le 25 novembre dernier à Yerres (rencontre-débat sur les pratiques de mutilations sexuelles, à l’initiative de l’association TransAide-Yerres), « l’important n’est pas de savoir qui je suis, qui nous sommes, qui ils/elles sont – mais ce que nous ressentons et pensons et ce que nous voulons et faisons les uns et les autres, nos conceptions et projets, nos connaissances, croyances et valeurs – dans tel ou tel contexte ».
Mais il n’est pas étonnant que ces informations ne donnent guère matière à identifications tant elles sont subjectives et complexes, voire ambiguës et ambivalentes …
… alors que les croyances et les symboles identificatoires (drapeaux, blasons, hymnes, graphies, rites, mythes fondateurs, personnages et dates légendaires, coutumes, costumes, etc…) sont bien là au contraire pour “condenser”, cristalliser, les identifications collectives sur un mode émotionnel peu compatible avec des argumentations rationnelles.
On peut même constater des tendances à de la “sur-identification” : des rites qui sont en voie d’obsolescence dans leur contexte social d’origine (par ex. mariages forcés, rites d’excision) connaissent parfois un regain d’observance chez des immigrants “déracinés” qui craignent de “perdre leur identité” dans la société dite d’accueil – qui d’ailleurs les accueille très mal (témoignage d’Aïssata Alpha Bâ).
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2 – Paradigme des Potentiels et de la Métastabilité …
… comme noyau dur d’une théorie de l’ “individuation transductive”, susceptible de dépasser les contradictions et les impasses des problématiques identitaires.
Ici, je me réfère principalement à mes propres lectures des écrits du philosophe méconnu Gilbert Simondon, depuis sa célèbre communication à la Société française de Philosophie le 27 Février 1960 – intitulée “Forme, Information et Potentiels”. On pourra trouver bientôt dans mon site Web la vulgarisation que j’ai faite de ce paradigme – notamment dans un article publié dans le premier numéro des Cahiers de l’Implication.
J’utilise également des commentaires récents puisque depuis quelques années les sciences sociales semblent enfin découvrir – 50 ans après – cette pensée féconde (et au langage déconcertant – comme toute pensée foncièrement révolutionnaire), notamment :
– des extraits de la revue électronique “Multitudes”, n° spécial d’automne 2004 :
Politiques de l’individuation : penser avec Simondon
– les programmes ou compte-rendus de deux journées d’étude en 2007, à savoir :
a – 16 juin à Paris 7 – Denis Diderot : Colloque “Actualité de Gilbert Simondon“
[sous réserve : consulter http://pascalnouvel.net/actualite-de-gilbert-simondon/]
b – 15 décembre à Paris (ENS – rue d’Ulm) : “L’individuation de Simondon“
[http://www.mshparisnord.org/actus/simondon-ENS.pdf]
Peut-on résumer cette pensée féconde en termes non ésotériques et en si peu de temps ?
Je ne le crois pas, mais enfin on va essayer ! … dans l’espoir de susciter au moins un appétit de curiosité pour ce nouveau mode de pensée et d’action.
Quels sont les enjeux politiques de la question de l’individuation, telle que l’a articulée le philosophe Gilbert Simondon (1924-1989) ?
– construire des approches de la réalité humaine qui prennent pour base, non des individus déjà constitués (comme le fait le courant de l’individualisme méthodologique en sociologie), mais des relations et des processus d’individuation.
– embrasser dans une même problématique ambitieuse l’individu technique ou matériel et l’individu vivant (naturel, humain, social). Le mot « individu » prend ici sa signification étymologique la plus générale de toute entité distincte élémentaire (et non divisible) dans une collection ou une espèce (comme en statistique où l’on oppose des populations et les individus qui les composent). Mais à cette différence près, fondamentale, que l’individuel n’y est pas séparée du collectif mais au contraire intimement articulée par des notions hybrides telles que : « individu-milieu », « transindividuel », …
La pensée de Simondon focalise sur les processus d’ « individuation » par lesquels se forment les états successifs des êtres « individués » à partir de leurs états « pré-individuels » – et non pas sur des individus qu’on supposerait déjà constitués, « identifiés » (avec des identités supposées stables et pérennes, comme on a vu précédemment).
Et le processus est dit « transductif » pour signifier qu’il opère par imbrication étroite et dialectique (ni in-duction ni dé-duction) des dynamiques individuelles et collectives.
D’où l’importance des notions de potentiels (à ne pas confondre avec des virtuels, déjà présents en filigrane et préfigurant le devenir – comme dans la théorie marxiste) et de métastabilité (à ne pas confondre avec l’instabilité), notions qui font recette dans les sciences de la vie et de la matière – mais paradoxalement négligée dans les sciences humaines et sociales, où elles me semblent tout à fait pertinentes et fécondes.
Voilà pourquoi je considère que ces outils théoriques inédits peuvent nous aider à dépasser les apories de la notion d’identité.
Dans le cadre d’une pensée substantialiste l’individu précède ontogénétiquement et logiquement le processus de “son” individuation. C’est par un renversement de l’ordre de ces deux termes que la problématique de G. Simondon opère une véritable révolution paradigmatique, ainsi résumée par lui-même (en 1995) :
« au lieu de saisir l’individuation à partir de l’être individué, il faut saisir l’être individué à partir de l’individuation et l’individuation à partir de l’être préindividuel ».
Ce qui est radicalement original dans sa pensée, et qui touche aux fondements mêmes de nos modes de pensée ordinaires et usuels, implicites mais hyperactifs – c’est la remise en question du schéma aristotélicien dit « hylémorphique » (conjonction « Matière-Forme » de type mécanique, comme l’empreinte du sceau dans la cire, ou comme le moulage d’une brique d’argile dans le coffrage de sa forme) – récemment supplantée par le schéma cybernétique (de type systémique comme dans le processus circulaire de l’information– communication) au profit d’une pensée de la forme comme actualisation d’un potentiel en état de métastabilité.
Ce paradigme théorique s’inspire d’observations empiriques de plusieurs disciplines scientifiques :
– en cristallographie, c’est le modèle du potentiel de germination selon lequel un cristallin est capable, malgré sa petitesse infinitésimale, d’amorcer et d’orienter le processus de cristallisation – dans un milieu liquide métastable « sursaturé »…
– en psychologie de l’enfant (la discipline de base de Simondon), c’est le processus d’apprentissage de la marche debout chez l’enfant que la marche à 4 pattes ne peut plus satisfaire … dans un environnement qui lui procure des modèles et le sollicite à grandir.
Toute identité (personnelle, collective) est un problème, et non une donnée ; une réponse provisoire et en cours de mon effort pour persévérer dans l’être, en interaction constitutive avec un certain milieu, et non une solution stable.
Certes, lire Simondon n’est pas un exercice facile, mais c’est faire l’expérience de ces germes qui s’insinuent dans notre réflexion, qui y produisent des effets de prise de forme, et qui en retour augmentent notre puissance de saisie, de compréhension, d’emprise sur notre fonctionnement et notre devenir.
Lire les deux extraits suivants de commentaires autorisés :
a – citation de Yves Citton, extraite de son article Sept résonances de Simondon, publié dans la revue électronique “Multitudes”, n° 18, automne 2004.
En deçà de l’identitarisme. La lecture de Simondon invite par ailleurs à se situer plus précisément face aux possibles dérives auxquelles donne parfois lieu la scène des identity politics. Les épouvantails du communautarisme et des revendications identitaires essentialistes se dégonflent simultanément dès lors qu’on tire les conséquences du transindividualisme simondonien. Toute identité (personnelle, collective) est un problème, et non une donnée ; une réponse provisoire et in progress de mon effort pour persévérer dans l’être, en interaction constitutive avec un certain milieu, et non une solution stable à laquelle je pourrais me contenter de tenir ; un devenir tendu vers le futur, bien davantage qu’un passé dans lequel je trouverais ma vérité ou mes racines. Le problème qu’est toujours l’individu ne peut que se relancer : toute solution identitaire tend à tuer ou à dissoudre ce qu’elle prétend faire advenir. On touche ici au principe de métastabilité qui joue un rôle essentiel dans la puissance de pensée simondonienne : l’individuation n’est pas à concevoir à partir de modèles d’équilibres stables (qui figeraient l’être dans des solutions closes sur elles-mêmes), mais à partir de dynamiques métastables, à définir par rapport aux seuils qui font basculer l’ensemble individu-milieu dans des formes de problématisation supérieure, toujours ouvertes sur leur propre dépassement. L’essentiel de « l’organisation » n’est pas à chercher du côté de l’homéostase « organique » se suffisant à elle-même, mais du côté de systèmes dont l’équilibre « recèle une énergie potentielle ne pouvant être libérée que par le surgissement d’une nouvelle structure ».
b – citation de Didier Debaise, extraite de son article Le langage de l’individuation, publié dans la revue électronique extraits de “Multitudes”, n° 1, automne 2004.
lexique simondonien. Simondon fait partie de ces penseurs pour qui « il faut inventer des mots nouveaux pour exprimer des idées nouvelles ». Une idée véritablement neuve ne trouverait pas dans les cadres d’un langage établi une expression adéquate. Cette idée nouvelle qui « oblige » Simondon à une invention de mots et à un langage particulier est à chercher dans sa pensée de l’individuation. Si la philosophie n’a pu penser l’individuation de manière conséquente, si elle a toujours ramené cette question aux conditions d’existence de l’individu – réduisant l’individuation à une réalisation – c’est entre autres parce qu’elle n’a pas su se démarquer d’un langage, d’une manière de parler, d’une grammaire, de mots qui ont surdéterminé implicitement l’expérience. Il y a un langage de l’être-individuel (dont le paradigme est la forme sujet-prédicat) qui tend à formater et à codifier l’expérience, préalablement à toute mise en problème de celle-ci. On ne s’est pas assez intéressé à la manière de parler de l’expérience et des événements qui la composent, comme si ces questions venaient après, comme si elles étaient secondaires par rapport à l’expérience elle-même.
C’est pour se dégager d’un héritage de la philosophie qui se cristallise dans la plupart de ses concepts que Simondon invente un langage de l’individuation, qui se constitue à la fois par la traduction (notamment de concepts issus de la physique et de la biologie) et par l’invention de nouveaux termes.
[ …]
c’est un langage « opératoire », entièrement orienté vers des « mises en problème » . . . . .
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3 – “Revenons sur terre” :
Essai d’application de ce paradigme fondamental
Propositions psycho-sociologiques illustrées par une structure dite en Chiasme qui « dialectise » la structure classique du système cybernétique et son schéma circulaire de la théorie de l’information.
J’expose ici l’ébauche de conceptualisation d’une grande recherche empirique dont j’assurais la responsabilité scientifique de 1964 à 1966. Grâce à un gros contrat de recherche, on se proposait d’analyser « le processus de ‘maturation sociale’ des adolescents et jeunes-adultes (13-25 ans) des deux sexes et de toutes origines sociales en milieu urbain français contemporain dans cinq unités résidentielles contrastées (3 en région parisienne et 2 dans le Sud-Ouest) ».
La problématique s’inscrivait dans le projet ambitieux plus général de mon laboratoire (Centre d’Ethnologie Sociale et de Psycho-Sociologie, CNRS, dir. P.H. Chombart de Lauwe) :
analyse des rapports d’interaction dialectique entre “acteurs sociaux” individuels et collectifs (ou “instances de pratiques sociales”) : personnes, groupes, classes sociales, société globale.
La grille d’analyse théorique qu’on va découvrir dans les pages suivantes s’inspire directement du paradigme de l’ “individuation transductive” (processus ontogénétique) de Gilbert Simondon ou, plus précisément, de la structure “en Chiasme” utilisée en 1964 par Jean Grisez et Philippe Lherbier, du CERP (Centre d’Etudes et de Recherches Psychotechniques) pour leur recherche en cours sur les « formes de vie professionnelle comme cas particulier du rapport Individu-Société » – recherche qui se référait explicitement aux premiers travaux du philosophe Gilbert Simondon.
C’est donc grâce à ce projet de recherche du CERP que j’ai pu accéder à cette pensée féconde … et tomber sous son charme …
Divers Schémas peuvent exprimer différents modes de relation entre éléments de systèmes, notamment entre les Pôles de l’INDIVIDUEL (P) et du COLLECTIF (S) de la réalité humaine :
Le tableau ci-dessous exprime l’application que j’ai réalisée du paradigme de la “prise de forme dans un champ métastable” de Gilbert Simondon, revisité par Jean Grisez et Philippe Lherbier, pour conceptualiser la dialectique des interactions sociales entre les générations nouvelles et “leur société” …
… où l’on retrouve la structure en Chiasme qui figurait en bonne place sur le schéma ci-dessus.
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Le texte qui précède est issu du DIAPORAMA de 18 pages-écrans qui a été présenté au public de cette Rencontre-Débat.
On pourra visionner ce DIAPORAMA (localisé dans le Chapitre “Réflexions socio-politiques II” de notre site) en cliquant sur le lien suivant —-> DIAPORAMA
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ANNEXE 1
Au-delà de l’identité, par Philippe Zarifian, sociologue.
(extrait d’une note interne destinée à notre labo. commun du CNRS, le GEDISST – Groupe d’Etude sur la Division Sociale et Sexuelle du Travail – 1997)
La notion d’identité est mobilisée pour désigner des enjeux contemporains particulièrement forts : identité ethnique, nationale, religieuse, rejoignant l’identité professionnelle, l’identité au travail, l’identité de soi à soi (l’ipséité), et, pourquoi pas ? l’identité sexuelle.
On parlera, suivant l’accent que l’on voudra porter, de “repli identitaire” ou d’ “affirmation identitaire” ou encore (version plus soft) de “recherche d’identité” et de “préservation d’identité”, etc…
Mon hypothèse est non seulement que la notion d’identité n’est pas adéquate pour comprendre les phénomènes dont elle prétend rendre compte, mais qu’elle nous entraîne toujours dans la même impasse : la recherche d’une essence, d’une nature (fût-elle sociale) qui serait supposée définir notre être “profond”, son intangibilité, sa protection, sa recherche, son affirmation, etc.
Mon projet de recherche sur cette question est de mettre en cause l’emploi de la notion d’identité dans les sciences sociales (en particulier en sociologie, mais peut être aussi en ergonomie), non pas pour critiquer cette notion en elle-même (bien qu’une critique de l’idéologie de l’identité me semble incontournable), mais pour essayer de saisir autrement ce dont elle est supposée parler.
Je me centrerai en particulier sur
– la notion d’ “identité au travail”, en retravaillant sur des matériaux d’enquête, pour montrer qu’il n’y a pas d’ “auto-donation de sens à son travail par un(e) individu(e)”. mais un effort singulier pour se penser, selon un mode déterminé, dans un champ (mobile) d’intersubjectivité. Cela impliquera de mieux définir ce que l’on peut entendre par “intersubjectivité” et par “mode de pensée”.
– la notion de “recherche d’identité professionnelle”, pour essayer de voir si le “quelque chose de commun” autour duquel une profession essaie de se définir et d’être reconnue ne serait pas à rechercher, non pas dans ce qui l’oppose (ou la distingue de) aux autres, mais du côté de ce qu’elle apporte. Que le terrain de cet apport soit occupé par le fonctionnalisme, c’est certain, mais c’est à mon avis à se confronter frontalement, à partir de ce que la notion d’identité professionnelle essaie de capter et de réduire à la fois, à ce fonctionnalisme que nous pourrons progresser (plutôt que de contribuer “en bonne conscience sociologique” à diagnostiquer les maladies de ces identités toujours attaquées).
Il va de soi que cette réflexion critique sur la notion d’identité doit conduire à redéfinir une notion qui lui est fortement liée (bien que moins utilisée en France), celle de communauté. Cela devrait être l’occasion de reprendre la (belle) catégorie de “communauté critique” avancée par Foucault et de la faire résonner contre les diverses figures des communautés “de nature” (y compris la communauté de classe), tout en évitant de basculer dans un universalisme abstrait.
Philippe Zarifian
http://philippe.zarifian.pagesperso-orange.fr/
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ANNEXE 2
Cette “incompatiblité” des images alternatives peut évoquer les contradictions d’intérêt et de pouvoir (voire les conflits), notamment entre classes socio-économiques, sexes, générations, communautés ethno-culturelles et/ou linguistiques et/ou religieuses, blocs géopolitiques ….
– ce que j’appelle les Rapports Fondamentaux de Dominance Sociale (RFDS).
Evidemment le traitement sérieux de cette question exige une approche pluridisciplinaire, voire “transdisciplinaire” (par articulation intégrative plus que par juxtaposition), combinant toutes les disciplines des sciences humaines et sociales, à commencer par l’histoire, l’économie et les sciences politico-juridiques, le tout dans une perspective de comparaisons sociétales …